Échanges internationaux : Nouveaux regards, ici et là-bas, Quand la Casamance et la Lorraine se rencontrent

Toujours à la recherche de projets pédagogiques originaux et riches d’intérêts, Patrice Peyras entraîne ses élèves de l’établissement scolaire Jean XXIII de Montigny-lès-Metz à la rencontre de Kolda, ville de Haute-Casamance au Sénégal.

Belles rencontres et naissance d’un projet collaboratif

Fin 2019, Patrice Peyras, enseignant en arts plastiques et cinéma audio-visuel au sein de l’ensemble scolaire Jean XXIII de Montigny-lès-Metz était en Haute-Casamance au Sénégal, à Kolda plus précisément.

Parti réaliser des interviews d’artisans et personnalités de Kolda dans le cadre d’une commande de la revue OC, il a noué des relations avec plusieurs acteurs de cette ville et avec le collège d’enseignement moyen Bouna Kane(1). Il est revenu à la rentrée de janvier avec des images de Kolda et de ses habitants et l’envie de s’en servir comme base pédagogique de travail avec ses élèves.

Etat des lieux

Kolda est une ville dynamique, dont la moyenne d’âge des habitants est une des plus basses d’Afrique. Son activité économique et artisanale est évidente mais son fleuve, la Casamance, et ses forêts se meurent faute d’une véritable gestion des déchets et d’une exploitation forestière raisonnée par la population et les autorités locales.

Partant de ce triste constat, Patrice Peyras et ses partenaires locaux se sont interrogés, sur les actions qui pourraient être menées conjointement par les élèves des deux écoles pour définir comment l’exploitation touristique d’une ville – dont le potentiel artistique est patent – , pourrait-elle susciter une prise de conscience de la population (en particulier des jeunes), concernant la gestion des déchets.

Les autorités de la ville de Kolda ont pris la mesure du problème mais sans une implication collective, les actions mises en place resteront insuffisantes.

Gite kese, too e gaa

En collaboration étroite avec sa collègue Cécile Auburtin, professeur documentaliste et gestionnaire du label développement durable de l’ensemble scolaire Jean XXIII(2), Patrice Peyras met en place un véritable projet pédagogique avec objectifs, programme,  étude financière et recherche de subventions. Ce sera le projet « Gite kese, too e gaa » ce qui signifie en langue pulaar « Nouveaux regards, ici et là-bas ».

Un programme ambitieux

Un dossier est constitué et présenté aux différentes équipes pédagogiques des 2 établissements. Il décrit et inscrit dans le calendrier les actions qui seront menées à Kolda par les 44 collégiens de 3èmeB du collège Bouna Kane d’une part et par des collégiens (classe de 3éme) et une trentaine de lycéens (2de et 1ère option cinéma-audiovisuel) de Jean XXIII d’autre part.

Le programme est ambitieux. Il s’articule autour de 5 axes principaux : les arts et l’art de vivre, la circulation des biens et des personnes, la relation entre croissance et développement durable et l’éducation à l’image.

Regards croisés entre 2 civilisations

Courant janvier, les lycéens réaliseront des montages à partir des rushes tournés par Patrice Peyras à Kolda sur les différents acteurs kodois qui ont accepté de participer au projet.

Dès février, ces reportages seront visionnés et commentés par les collégiens de Jean XXIII et de Kolda. Des échanges sous forme de correspondances vidéo seront mis en place entre les 2 établissements.

En parallèle et toujours dans l’esprit de découvrir une autre civilisation, les 2 classes de collégiens, française et sénégalaise, filmeront, à l’aide de leur smartphone, un plan-séquence d’une quinzaine de secondes présentant leur cadre de vie avec, si possible, les différents membres de leur famille. Cela permettra aux élèves de découvrir le cadre de vie de leurs homologues et de se confronter à la réalité technique (outils de prise de vue(3) et de montage sur Kolda et transfert des images d’un pays à l’autre(4) ).

  

Entrons dans le vif du sujet

 Une fois que les élèves « auront fait connaissance », les élèves de Kolda seront chargés de faire des images présentant la production artisanale/artistique de Kolda.

 Cette ouverture du projet initial vers les activités locales se fera avec pour consigne de mettre en évidence le lien existant entre production locale et développement durable(5).

 Gageons qu’à travers l’objectif de leur smartphone, les collégiens regarderont leur ville, ses acteurs et ses problèmes environnementaux avec une acuité nouvelle et l’envie de s’investir pour un changement drastique. La valorisation de la richesse de leur ville devra impérativement passer par une gestion collective et réfléchie des déchets liés aux activités de ses habitants.

 En parallèle à ces tournages, les collégiens seront amenés à rencontrer les organismes et associations qui œuvrent et encouragent les actions environnementales individuelles et/ou collectives pour le mieux-vivre de chacun, le renouveau écologique de la faune et de la flore locale et à terme le retour des touristes – source économique non négligeable – qui ont déserté la ville souillée.

 Parallèlement à ces échanges avec les élèves de Kolda, les élèves de Jean XXIII s’interrogeront sur la production surabondante de déchets dans notre société, la gestion de leur traitement en France et le rôle qu’ils ont à jouer au quotidien pour en diminuer le volume. Au regard des études faites, un africain produit 2 fois moins de déchets qu’un européen (source Banque mondiale), il est certain que c’est humblement qu’ils essayeront d’apporter leur aide à Kolda.

Les coups de main

 Afin d’assoir ce projet complexe auprès de leurs concitoyens, Mamadou Amadou Ndiaye, secrétaire général de Synergie Sénégalaise pour l’Education et le Développement et Amadou Tidiane Talla ambassadeur sénégalais itinérant auprès de la présidence de la république du Sénégal, ancien député, président du Conseil supérieur des Maîtres Coraniques du Sénégal et directeur de l’ONG ASED ont offert son parrainage. Leur rôle bienveillant et enthousiaste a été de convaincre les acteurs locaux du bien-fondé de la démarche conjointe des 2 écoles et d’assister Fabrice Peyras dans la bonne compréhension et le respect des protocoles en vigueur dans leur pays.

 Un dossier de candidature auprès de la DAREIC(6)   de Nancy-Metz a été déposé. Sa validation apporterait au projet un label national, lui donnant ainsi crédibilité et, éventuellement une subvention de fonctionnement non négligeable. Réponse ce mois… Jean XXIII croise les doigts mais y croit fort !

 Pour ceux qui souhaitent nous suivre dans cette aventure, les productions réalisées seront déposées sur la chaîne Youtube de Jean XXIII (cavjean23) et visibles par tous tout au long de l’année.

Le souhait est de pérenniser ce projet sur plusieurs années afin de continuer à œuvrer et d’observer l’évolution de la situation sur Kolda. Longue vie à Gite kese, too e gaa et souhaitons à Kolda de retrouver au plus vite le charme de la Casamance !

Notes :

1 Abdourahmane Diallo, principal ; Papa Kémo Diao, professeur de français ; Bassirou Gaye, professeur d’éducation artistique.

2 L’établissement Jean XXIII a été labellisé Etablissement en Démarche de Développement durable. Un groupe Fil Vert s’est constitué au sein de l’établissement, il rassemble les personnes de la communauté éducative sensibilisées à cette question. Cet outil servira – entre autres – le projet « Gite kese, too e gaa ».

3 Si les élèves de Jean XXIII disposent tous d’un outil permettant la prise de vues (smartphone ou tablette), selon le principal du collège Bouna Kane de Kolda, seuls 10 élèves disposent d’un tel équipement.

Problèmes liés à l’instabilité de la distribution électrique et de la connexion internet.

5 C’est tout particulièrement le cas des forgerons qui récupèrent l’aluminium pour créer des décorations placées sur les toits des mosquées ou dans la production artistique du plasticien Saamba Baalnde.

Délégation Académique aux Relations Européennes, Internationales et à la Coopération.

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